Dans un message publié ce lundi 3 février 2025 sur le site officiel de la présidence sud-africaine, le président Cyril Ramaphosa a tenu à justifier la présence de l’armée sud-africaine en République Démocratique du Congo (RDC), où elle combat aux côtés des Forces Armées de la RDC (FARDC) contre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Alors que la mort de 14 soldats sud-africains dans l’est du Congo suscite un vif débat en Afrique du Sud, Ramaphosa assume pleinement cet engagement militaire au sein de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC) et de la Mission de l’ONU pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO).
Un sacrifice pour la paix en Afrique
Le président Ramaphosa a rendu hommage aux soldats tombés au combat, qualifiant leur sacrifice d’acte de bravoure au service de l’Afrique :
« Ils ont perdu la vie en défendant les sans-défense : les hommes, les femmes et les enfants qui sont victimes de l’un des conflits les plus longs du monde. »
Il rappelle que le conflit en RDC, qui dure depuis 1996, a causé des millions de morts et plus de sept millions de déplacés selon les Nations Unies. Il a dénoncé les graves violations des droits humains commises par les groupes armés, citant les attaques contre les civils, les enlèvements, les exécutions extrajudiciaires, la torture, le recrutement d’enfants soldats et les violences sexuelles de masse.
Critiques internes, mais un devoir panafricain
Face aux critiques internes contestant la nécessité de cette intervention militaire, Ramaphosa a réaffirmé que l’instabilité en Afrique concerne tous les Africains. Selon lui, les conflits ont des répercussions économiques, sociales et sécuritaires bien au-delà des frontières congolaises :
« Certains disent que nous n’avons rien à faire là-bas. Mais la violence et le conflit en Afrique sont l’affaire de tous les Africains. L’instabilité dans une partie du continent affecte la croissance et le développement de toute l’Afrique. »
Le chef de l’État a mis en avant l’engagement historique de l’Afrique du Sud dans les opérations de maintien de la paix, rappelant que son pays a déjà contribué à des missions de l’ONU et de l’Union africaine en Burundi, Éthiopie, Érythrée, Liberia, Darfour et Mozambique.
En particulier, il a souligné la participation sud-africaine à la SADC Mission au Mozambique (SAMIM), qui a permis de stabiliser la province de Cabo Delgado, victime d’insurrections djihadistes. Une expérience qui, selon lui, démontre la nécessité de telles interventions régionales pour restaurer la paix et la stabilité.
Appel au respect du cessez-le-feu et au dialogue diplomatique
Le président sud-africain a dénoncé le non-respect du cessez-le-feu signé sous l’égide du président angolais João Lourenço, dont la violation a conduit à la mort des soldats sud-africains. Il a insisté sur l’urgence d’un arrêt des hostilités et d’un respect strict du cessez-le-feu par toutes les parties :
« Un cessez-le-feu est une condition nécessaire pour des pourparlers de paix qui doivent inclure toutes les parties au conflit, qu’elles soient étatiques ou non, congolaises ou non. »
Ramaphosa a également soutenu la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU demandant le retrait du M23 des territoires conquis et le départ des forces étrangères de la RDC.
L’Afrique du Sud ne reculera pas
Malgré la situation volatile et dangereuse dans l’est de la RDC, Ramaphosa a assuré que la SANDF (South African National Defence Force) restera sur place tant que la mission de la SADC sera en cours. Il a toutefois précisé que cette mission est soumise à un calendrier précis et prendra fin lorsque des mesures de confiance auront été mises en œuvre et que le cessez-le-feu sera respecté.
En conclusion, le président sud-africain a rappelé l’engagement historique de son pays en faveur des peuples africains :
« Nous avons un devoir de solidarité envers les nations africaines dont le soutien a aidé à notre propre libération. L’Afrique du Sud continuera de soutenir le peuple congolais afin qu’il obtienne la paix et la sécurité qu’il mérite légitimement. »
Ce discours de Cyril Ramaphosa marque une réponse claire aux critiques internes et externes. Il place l’Afrique du Sud comme un acteur incontournable de la stabilité africaine, prêt à assumer son rôle malgré les pertes et les défis politiques. À travers cet engagement, Pretoria affirme sa vision d’une Afrique unie face aux conflits, privilégiant à la fois la puissance militaire et la diplomatie pour parvenir à une paix durable en RDC.