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Le président burundais met en garde Kigali : « Nous allons riposter »

Le président burundais Evariste Ndayishimiye a une nouvelle fois mis en garde son voisin rwandais, qu’il accuse de nourrir des velléités agressives à l’encontre de son pays. Lors d’une visite mardi 11 février à Bugabira, commune frontalière du Rwanda, il a appelé la population burundaise à se tenir prête pour défendre l’intégrité nationale. Cette déclaration, empreinte d’un discours martial, intervient dans un contexte régional marqué par des tensions croissantes, notamment en République démocratique du Congo (RDC), où les troupes burundaises soutiennent l’armée congolaise face aux rebelles du M23, appuyés par Kigali.

Un voisin « mal intentionné »

Lors d’une distribution de vivres aux populations sinistrées de Bugabira, frappées par une sévère sécheresse, le président Ndayishimiye a tenu un discours alarmiste. Sans citer nommément le Rwanda, il a laissé peu de doute sur l’identité de la menace qu’il perçoit : « Vous avez un voisin mal intentionné, qui nourrit des velléités expansionnistes et n’a de visées que de nous attaquer », a-t-il déclaré, suscitant des acclamations de la foule.

Le chef de l’État a insisté sur la nécessité pour les Burundais de ne pas baisser la garde : « Celui qui osera nous perturber, nous allons riposter. Il faut que vous soyez prêts, n’ayez pas peur. » Il a même convoqué l’histoire pour galvaniser son auditoire, rappelant les affrontements entre les royaumes du Burundi et du Rwanda : « Ici, c’est le Bugesera. Depuis l’époque royale, ils n’ont jamais eu le dessus sur nous. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont nous infliger une défaite. »

Un climat de tension régionale

Les propos de Ndayishimiye surviennent alors que le groupe armé M23, soutenu par Kigali, a récemment pris le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu en RDC, et menace désormais Bukavu, ville située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière burundaise. Face à cette avancée, l’armée burundaise a renforcé sa présence en RDC, envoyant un bataillon supplémentaire la semaine dernière.

Au sein de la population burundaise, l’inquiétude grandit. Un journaliste burundais, s’exprimant à l’AFP sous couvert d’anonymat, confie que « depuis des semaines, on ne parle que de la guerre du Congo dans tous les groupes, sur les réseaux sociaux ». Une situation qui alimente la crainte d’un embrasement régional, déjà évoqué par l’ONU fin janvier.

Un appel à la vigilance et à la solidarité

Le président burundais a exhorté ses concitoyens à la vigilance, les appelant à poursuivre leurs activités tout en restant sur leurs gardes : « Nous n’allons pas arrêter nos activités, nous allons continuer à travailler tout en restant aux aguets. » Il a aussi insisté sur l’importance de l’unité nationale : « Vous ne serez pas seuls pour y faire face, tout le monde viendra à la rescousse. »

Dans un passage teinté de références historiques, Ndayishimiye a rappelé le nom de la province de Kirundo, qui signifierait « fosse commune » en souvenir d’une bataille où les troupes burundaises auraient infligé une lourde défaite aux Rwandais. Il a également invoqué la protection divine : « Le Très-Haut, l’Éternel des Armées veille sur nous. »

Alors que les tensions entre le Burundi et le Rwanda atteignent un nouveau pic, les regards se tournent vers les instances internationales, qui redoutent un élargissement du conflit. Pour l’heure, Kigali n’a pas officiellement réagi aux déclarations du président burundais.

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