La rencontre tenue à Goma entre la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) avec les responsables de la rébellion AFC/M23 suscite de vives réactions au sein de l’opinion congolaise. Alors que ces deux confessions religieuses poursuivent une mission de consultations en prévision d’un forum sur la paix et l’unité nationale, leur initiative divise les Congolais.
Une mission controversée
Si les premières consultations menées à Kinshasa avec des figures politiques majeures, dont le président Félix Tshisekedi, le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, le président du Sénat Sama Lukonde, ainsi que les opposants Martin Fayulu et Delly Sesanga, semblaient se dérouler sans heurts, l’apparition des délégués religieux à Goma a suscité des critiques virulentes.
Le fait que ces représentants religieux aient pris contact avec Corneille Nangaa, chef politique de l’AFC/M23, dans une ville sous l’influence des rebelles, est perçu par certains comme une atteinte à l’intégrité nationale. Des voix s’élèvent pour dénoncer une « mission subversive », invoquant le soutien du Rwanda à la rébellion. D’autres vont jusqu’à suggérer une intervention des services de sécurité contre les membres de la délégation CENCO-ECC.
Mgr Nshole défend l’initiative
Face aux critiques, le secrétaire général de la CENCO, Mgr Donatien Nshole, a tenu à rassurer l’opinion publique en soulignant que la mission de la CENCO et de l’ECC repose sur une démarche pastorale inclusive.
« Nous sommes venus sensibiliser ceux qui nous ont bien accueillis. Nous sommes d’accord avec eux qu’on peut s’engager à trouver une solution pacifique le plus tôt possible pour que la guerre s’arrête », a-t-il déclaré.
Mgr Nshole a également révélé que le président Tshisekedi était informé à l’avance de leur initiative et qu’il n’a pas jugé nécessaire de s’y opposer.
« Lors de notre rencontre avec le Chef de l’État, nous lui avons dit clairement que nous rencontrerons même nos compatriotes qui sont dans l’AFC/M23. Il ne nous a pas interdit et il n’avait pas à nous interdire parce qu’il a compris que c’est une démarche pastorale qui n’exclut personne », a-t-il affirmé.
Une opposition politique marquée
Les critiques fusent principalement sur les réseaux sociaux, où certains accusent la délégation CENCO-ECC d’être « pro-rwandaise ». La famille politique de Félix Tshisekedi, regroupant l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et la plateforme Union sacrée de la nation (USN), a publiquement rejeté cette initiative. Ils estiment que les responsables religieux auraient dû attendre la position finale du président de la République avant de rencontrer les rebelles.
Toutefois, la CENCO et l’ECC persistent dans leur mission et réfutent les accusations de complaisance. Elles considèrent les critiques du pouvoir comme un « imbroglio » politique et rappellent que leur initiative avait été encouragée par le président Tshisekedi lors de leur précédente rencontre.
Ainsi, malgré les polémiques, les deux confessions religieuses restent fidèles à leur engagement en faveur d’un dialogue inclusif pour une paix durable en République démocratique du Congo.