L’opposant congolais, Martin Fayulu, a pris la parole ce jeudi 27 février 2025, pour alerter la classe politique et la société civile sur la situation sécuritaire critique que traverse la République Démocratique du Congo. Face à l’avancée des rebelles du M23/AFC soutenus par le Rwanda, l’opposant met en garde contre le risque imminent de balkanisation du pays et exhorte à une mobilisation sans précédent pour sauvegarder l’intégrité territoriale.
Dans son message à la nation, Fayulu dépeint un tableau alarmant : « Chaque jour, nos villes, nos territoires, nos villages et nos provinces tombent sous le joug des agresseurs, tel un héritage laissé à l’abandon. Combien de morts faudra-t-il encore pour que nous prenions pleinement conscience de l’urgence d’unir nos forces, de transcender nos divergences et de trouver une solution pour préserver les 2.345.410 kilomètres carrés de notre territoire ? »
Un soutien affirmé à l’initiative de la CENCO et de l’ECC
Face à l’urgence de la situation, Fayulu soutient pleinement l’initiative des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et des pasteurs de l’Église du Christ au Congo (ECC). Ceux-ci mènent depuis plusieurs semaines des consultations à l’intérieur et à l’extérieur du pays en vue d’un dialogue national pour la paix. Leur démarche, qualifiée de « processus de Kinshasa » par Fayulu, constitue « une opportunité historique pour mettre fin à la guerre et reconstruire notre pays ».
Les évêques et pasteurs de ces deux confessions religieuses ont déjà rencontré plusieurs acteurs clés, notamment Corneille Nangaa, chef de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), à Goma, ainsi que le président rwandais Paul Kagame à Kigali. Ils ont ensuite poursuivi leur mission à Nairobi, au Kenya, où ils ont échangé avec le président William Ruto. Leur initiative, baptisée « pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs », vise à rétablir une stabilité durable dans la région.
Un appel à la responsabilité des leaders politiques
Dans son plaidoyer, Martin Fayulu interpelle directement les acteurs politiques de premier plan. Il exhorte Corneille Nangaa à « déposer les armes, à faire prévaloir l’intérêt supérieur de la nation en pensant à l’intégrité de notre territoire national et surtout à reconnaître le droit inaliénable à la vie de ses frères et sœurs ». Il appelle également l’ancien président Joseph Kabila à « se remémorer tout ce que le Congo lui a donné et à s’engager résolument en faveur de la paix ».
Enfin, Fayulu invite le président en exercice, Félix Tshisekedi, à prendre la mesure de « l’ampleur du désastre qui accable notre pays » et à soutenir sans réserve l’initiative de la CENCO et de l’ECC. Or, le chef de l’Etat et sa majorité semblent, jusqu’ici, s’opposer à cette démarche, laissant planer le doute sur l’issue de ce projet de paix.
Une urgence nationale
Face à l’escalade des violences et à l’effondrement sécuritaire dans l’est du pays, l’opposant congolais en appelle à une prise de conscience collective. « Il est temps d’agir pour sauver notre pays », martèle-t-il. Fayulu insiste sur la nécessité d’une mobilisation de tous les Congolais, quelles que soient leurs appartenances politiques, ethniques ou religieuses, pour restaurer la paix et préserver l’unité nationale.
L’avenir de la République Démocratique du Congo repose désormais sur la volonté de ses dirigeants et de son peuple à transcender leurs différences pour faire face à cette menace existentielle. En attendant, la CENCO et l’ECC poursuivent leur mission, avec l’espoir que leur initiative sera enfin soutenue par l’ensemble des parties prenantes pour mettre un terme à cette guerre qui ensanglante le pays.