La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a fermement condamné toute forme de harcèlement ou d’intimidation envers les journalistes en République Démocratique du Congo (RDC). Cette réaction fait suite aux menaces proférées par Christian Bosembe, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), l’agence de régulation des médias du pays. Le 30 janvier, M. Bosembe a averti les médias nationaux et internationaux couvrant la crise à Goma, dans l’est de la RDC, qu’ils risquaient des sanctions sévères et des fermetures s’ils diffusaient des informations ou donnaient la parole au mouvement rebelle M23 ou à ses partisans.
Lors d’un point presse organisé à Kinshasa le même jour, le CSAC a incité les médias à traiter le conflit en cours « avec professionnalisme » et a insisté sur la nécessité d’éviter de semer la panique au sein de la population congolaise. Christian Bosembe a spécifiquement averti que tout média donnant une tribune au M23 pour « justifier la prise de territoires » serait suspendu. Le M23, aussi appelé le « Mouvement du 23 mars » ou l’« Armée Révolutionnaire du Congo », est un groupe rebelle actif depuis 2012 dans la province du Nord-Kivu.
Les accusations de Bosembe ne se sont pas limitées aux partisans du M23. Il a également critiqué certains médias qu’il accusait d’amplifier les appels à la violence, aux pillages et aux effractions, menaçant ces derniers de fermetures en cas de tels écarts. Dans ce contexte, le CSAC a rappelé aux journalistes leur devoir de se baser sur des sources officielles pour les informations concernant la guerre et a imposé des restrictions strictes sur les discussions liées aux opérations militaires congolaises, précisant que ces sujets ne pouvaient être abordés qu’en présence d’experts militaires.
Cette situation a entraîné une vive réaction d’Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, qui a souligné que « les journalistes qui couvrent la crise à Goma doivent respecter les principes du journalisme éthique tout en veillant à leur propre sécurité et à celle de toutes les parties impliquées dans le conflit. » Cependant, Bellanger a également mis en garde contre une tentative manifeste de restreindre le travail des médias : « Les organes de régulation ne devraient pas entraver le travail des médias, sauf en cas de manquement déontologique. Ce que nous observons actuellement est une tentative évidente de museler le journalisme indépendant, à un moment où les citoyennes ont un besoin urgent d’accéder à l’information. »
La FIJ appelle ainsi les autorités de la RDC, ainsi que toutes les parties en conflit, à respecter la liberté de la presse et à garantir la sécurité des journalistes pendant cette période critique. En effet, dans un contexte aussi tendu que celui de Goma, la protection du travail des journalistes est essentielle pour assurer une information indépendante et équilibrée, au service de la vérité et de la démocratie.